Contribution FNE Normandie à l’enquête publique concernant le projet d’aménagement à 2 x 2 voies de la RD 924 entre Briouze et Sevrai

18 mai 2022

 

À l’heure où la préservation de l’environnement est l’un des seuls moyens de garantir un avenir à notre planète, le maintien de projets routiers et autoroutiers comme celui de la 2×2 voies Briouze-Sevrai apparait d’une incohérence sans commune mesure tant avec les objectifs des Accords de Paris, qu’avec les constatations des derniers rapports du GIEC.

Tout projet d’aménagement, quel qu’il soit, a un impact environnemental, notamment les grandes infrastructures routières. Ceci vaut particulièrement pour le projet en référence, du fait de la traversée de secteurs fragiles, riches en biodiversité et de l’interception par l’équipement projeté de corridors biologiques qu’il faut impérativement préserver.

À cet égard, le constat négatif dressé par la MRAE, Autorité Environnementale désignée pour ce projet, est sans appel. Il est dès lors fondamental que cet avis, auquel le Conseil départemental n’a pourtant apporté que des réponses lacunaires, soit pris en considération par l’autorité décisionnaire.

L’élargissement de la RD294 aurait ainsi et notamment pour conséquence : 1/ la traversée d’un réseau hydrographique dense, de sites sensibles (Natura 2000 ZSC de la Haute Vallée de l’Orne) et d’affluents, des zones humides entrainant un risque de pollution supplémentaire et de disparition d’un milieu déjà fortement fragilisés ; 2/ l’artificialisation de 125 Hectares de terres agricoles alors même que la crise Ukrainienne, ainsi que la sécheresse en Inde, pays avec lesquels il existe une forte dépendance vis-à-vis de certains produits, font ressortir l’absolue nécessité de relocaliser un maximum les productions et ainsi conserver ces terres agricoles ; 3/ la destruction importante de structures végétales et de haies ; 4/ la fragmentation des corridors écologiques ; 5/ un impact fort sur  a minima : 51 espèces d’oiseaux, 21 espèces de mammifères ; 7 espèces de reptiles, 14 de batraciens.

Outre les innombrables et graves conséquences environnementales de ce projet, le dossier présenté par le Conseil départemental comporte un certain nombre d’irrégularités que la MRAE n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler (manque d’actualisation des données ; absence d’analyse des effets cumulés ; aucune prise en considération des trafics induits ; absence de justification de la non prise en compte de mesures d’évitement total ; insuffisance de mesures alternatives, etc.).

À ce titre, les principales mesures « environnementales » présentées dans le cadre de ce projet sont des mesures de compensation – quasiment aucune d’évitement/ de réduction ne sont envisagées, alors qu’elles auraient dû l’être en premier lieu. Par ailleurs et comme le soulignent la MRAE et le CNPN, aucune garantie n’est présentée par le Conseil Régional quant à leur application effective.

Enfin, l’absence de réflexion intermodale est à déplorer, alors que le projet longe en parallèle la ligne ferroviaire Paris-Granville. Un choix plus raisonnable, comportant aménagements limités sur l’axe routier et densification de l’offre ferroviaire TER pour répondre aux besoins de déplacements pendulaires entre Flers, Briouze, Ecouché et Argentan n’est-il pas plus raisonnable et moins couteux pour les finances publiques ?

Par conséquent, l’association France Nature Environnement Normandie émet un avis défavorable et s’oppose fermement à ce projet nuisible et obsolète.