Création du collectif « Préservons l’Estuaire de la Seine »

Membres du collectif

HAROPA PORT regroupement des ports fluviomaritimes de la Seine a pour objectif d’optimiser et augmenter la part du transport fluvial de conteneurs du Havre à Paris. Après un débat public en 2017, HAROPA PORT a choisi la solution la plus dommageable pour l’écosystème marin. Au prétexte d’allier compétitivité et transport plus écologique, l’entité portuaire s’apprête une nouvelle fois, après Port 2000, à sacrifier l’estuaire de la Seine, ses habitats, ses ressources et ses fonctionnalités. Pourtant des solutions d’aménagements alternatives existent sans dégât sur le milieu marin mais ont été écartées.

Les estuaires sont d’une importance capitale pour le cycle biologique de nombreux organismes vivants. L’estuaire de Seine accueille des zones de nourriceries d’importance nationale voire européenne pour le bar et la sole, et se classe parmi les premiers au rang national de par le nombre de juvéniles fréquentant ses habitats. Il est aussi un vivier pour de nombreuses autres espèces en Manche-Est et contribue au renouvellement des stocks au large.

Mais face à une artificialisation constante des espaces naturels pour répondre à des choix de développement économique, l’estuaire de Seine a perdu près des trois-quarts de sa surface durant le dernier siècle. Ce qui correspond à une perte de 42% de sa capacité à héberger les poissons juvéniles.

Malgré ce constat très inquiétant pour l’environnement, les habitats et ses ressources, HAROPA port continue sa politique destructrice et en opposition directe avec les objectifs de protection de l’environnement en proposant le projet d’aménagement de la chatière.

Qu’est-ce que la chatière ?

La chatière est la solution d’aménagement portuaire choisi par Haropa port la plus dégradante pour le milieu marin avec la création d’un accès direct entre le port historique et Port 2000 au moyen d’une digue et d’un chenal. Cet ouvrage, d’une emprise de 100 mètres de large et 2 kilomètres de long sur l’Estuaire de Seine, n’entrainera pas moins de 3 millions de m3 de sédiments à draguer.
Au regard des conséquences engendrées par les projets passés et la situation écologique actuelle très dégradée de l’Estuaire de Seine, le choix de cette solution est inacceptable.
Le CRPMEM de Normandie ainsi que des associations de protection de l’environnement s’unissent pour former un collectif contre le projet de la chatière et porter ensemble la voix de « Préservons l’estuaire de la Seine ».

Pourquoi cette opposition collective ?

La chatière, la pire solution pour préserver l’environnement…

Il est pertinent que HAROPA PORT accroisse l’acheminement des marchandises par voie fluviale afin de réduire les émissions polluantes produites par le transport routier. Mais pas avec la solution la plus nocive pour l’écosystème marin ! D’autres solutions existent qui méritent un autre regard.

Le choix d’HAROPA port ne repose que sur des enjeux économiques et va à l’encontre des déclarations de leur plan stratégique : construire le port sur le port et zéro artificialisation nette. Les solutions de « développement de nouvelles unités fluviomaritimes », « téléphérique » « passage à travers la CIM », « l’écluse fluviale » doivent réellement être étudiées.

La zone projet est loin d’être une zone de moindre impact : De nombreuses espèces y sont présentes dont certaines d’importances écologiques, économiques et d’autres en statut de conservation critique : le bar, la sole, le homard, bouquet et l’alose.
La construction de la digue/chenal détruira ces habitats de zone d’attente pour les espèces remontant la Seine pour se reproduire et de nourricerie pour les petits bars.

Il semble devenir de plus en plus habituel de justifier la destruction d’habitats et de zones fonctionnelles au profit d’intérêts économiques par la mise en place de mesures compensatoires (démarche ERC). Pourtant les retours d’expérience sur de précédentes mesures révèlent l’inefficacité de cet outil pour récupérer les fonctionnalités détruites et la production quasi systématique d’ouvrages artificiels complémentaires. Dans le cadre de la chatière, la mesure d’évitement est de choisir une solution sans nuisance sur le milieu marin. Au regard des mesures de réduction, il n’en existe pas puisque la création d’un chenal par dragage et d’une digue constituent des modifications environnementales irrémédiables.

Le coût de la chatière sera supporté majoritairement par de l’argent public comme l’indique le descriptif ci-dessous :
– État : 3,6 millions d’euros
– Région Normandie : 82,75 millions d’euros
– Europe : 24,9 millions d’euros
– HAROPA PORT : 13,75 millions d’euros
Ce qui représente près de 90 % de la facture.
Alors que le cadre législatif a évolué dans le sens d’un renforcement de la protection de la nature (Natura 2000, Loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité, etc), le fait que des fonds publics participent massivement à la réalisation d’un projet qui contribuera à nuire à l’écosystème aquatique, déjà très perturbé comme peut l’être celui de l’estuaire de la Seine, relève de l’injonction contradictoire.
En outre c’est principalement le contribuable normand, qui mettra la main au portefeuille pour un ouvrage qui permettra de transporter des marchandises destinées surtout à la région Île de-France. Curieux montage financier quand on sait que désormais HAROPA PORT regroupe trois entités portuaires (Le Havre+ Rouen+ Paris).
HAROPA PORT annonce la tenue d’une enquête publique du projet de la chatière fin juin début juillet 2022. Il est plus que temps de se mobiliser afin que l’économie ne soit plus un repoussoir à l’écologie.

Membre du Collectif « Préservons l’estuaire de la Seine » :